Il est 9 heure et je
prends ma marche hebdomadaire question de conserver mes jambes
d’athlète … je cogite pour marcher sur les mains la prochaine
fois … j'aimerais avoir des bras comme mes jambes. Mais j'en suis
pas là pour le moment. J'ai un rendez d'affaire et le resto rapide
du centre-ville me convient pour le traditionnel café devant combler
le temps mort de cette rencontre.
Depuis plusieurs
années, je n'y ai pas mis les pieds et cela pourrait me rappeler de
bons souvenirs ... cependant ce n'est pas le cas … J'ai dû fréquenter
cet établissement les yeux fermés car, je ne vois rien du même
œil. Le bruyant resto est rempli de retraités, trop évident.
Attroupées a 3 et 4
par table, il discute de leur avenir à se défaire la mâchoire. Je
vois une table de libre et avec mon café, je m'installe.
Mon voisin de gauche
est parti dans une diatribe animée sur les gouvernants de l'état.
La mâchoire inférieure fait l'ascenseur et je me demande si le
dentier va tenir le coup. Heureusement, j'ai un livre de 500 pages dans mon
sac à dos qui pourrait me servir de bouclier au cas où j'aurais l'attaque d'une prothèse dentaire. Le vis-à-vis de mon voisin discute aussi
fougueusement et se lubrifie la mâchoire avec des cafés gratuits
qu'il va cueillir à répétition.
Dans une autre
table, une femme tout aussi âgée que les autres, promène des yeux
langoureux sur son interlocuteur qui lui parle des succulentes pommes
frites de l'endroit. Personne n'écoute personne. Mon voisin à
droite discute assez puissamment avec une autre personne à côté de
lui car, lui et l'autre semble sourd tous les deux. J'ai su qu'il ne
pouvait honorer sa femme à cause d'un problème de prostate et
l'autre voulait s'exécuter, mais sa femme ne voulait rien savoir …
merde …
Deux femmes blondes
de plusieurs années mon âge veulent s'asseoir à ma table, mais je
refuse ... d'abord parce que j'ai une rencontre personnelle et,
ensuite, leur regard m'invite à la prudence. Leur sourire se change
en un regard mortel et je me replonge vivement dans mon journal …
Merci mon Dieu …
Enfin, mon visiteur
arrive ... on se serre la main et je suis moins stressé …
Le bonheur est
comme un morceau de sucre. Il finit toujours par se dissoudre quand
on le savoure.
Nadine Monfils
Nadine Monfils