Ah ma 802, celle dont je suis tombé en
amour dès notre première rencontre. Un autobus que j'ai repris
après une séparation difficile ... un congé pour elle et une
convalescence pour moi.
J'ai recommencé le parcours qui a fait
les délices et les déboires du détestable que je suis. Donc, j'ai
humé l'odeur du dessous de bras, de l'urine, de la mauvaise haleine,
des cheveux mal lavés et surtout des culottes taille basse ou des
poitrines reconstruites quasi dénudés. La belle vie quoi.
J'ai revu les aînés qui essaient de
tromper le conducteur avec leur carte passée date, les vieilles
dames qui arrachent les passagers de leur siège pour prendre leur
place, les vieux mon oncle cochon qui se frottent aux
jeunes filles pour se rappeler leur 15 ans et les aînés en
général qui n'ont toujours pas appris à se laver.
Enfin, le conducteur qui accélère et
freine comme un pilote de F1 parce que sa gonzesse ne lui pas fait
les mamours du matin.
Maintenant voilà une innovation. Les
jeunes personnes se promènent dans les allées avec un sac dans le
dos et qui me poussent sur les passagers
faces à moi. La
dame que j'ai bousculée me chuchote que mon eau
de parfum est vraiment
suave. Je rougis. Le gars soûl qui m'écrase le pied gauche
à deux reprises et qui semble me regarder
comme si je n'avais pas d'affaire là. Enfin la belle vie
recommence.
Comment ai-je pu m'éloigner de tout
cela si longtemps. Des heures de plaisir que j'avais oublié. Ah ma
802, oui, je reviens vers toi.
Aucun être humain ne peut
réellement en comprendre un autre ; personne ne peut tout arranger
pour le bonheur d'un être. - Graham
Green