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vendredi 14 janvier 2011

L’ÂNE DE SCHUBERT/LA ROUTE

Un ami m'a transmis les deux très beaux textes qui suivent.


Trop souvent, les gens se laissent entraîner le long de certaines voies contre leur intérêt, ils cèdent, on ne sait pourquoi, aux cajoleries, sont tentés de faire certaines choses, de suivre parce que tout le monde suit, emboîte le pas, emprunte ce chemin. D’habitude, il est plus facile de se laisser mener et de suivre plutôt que de prendre une route différente, de rester opiniâtrement sur ses positions et d’aller là où l’on a envie d’aller, là où on croit qu’on a raison d’aller.


En général, c’est la route la plus rapide que les gens veulent suivre. Ils pensent que c’est la meilleure, la plus directe. Quelquefois, c’est le cas. Mais, souvent, elle est encombrée d’autres personnes et l’on finit par aller lentement, plus lentement que par la route moins rapide. Il est souvent difficile de revenir sur ses pas ou de faire un détour. Le carrefour est bloqué. Bien entendu, il arrive aussi que les gens têtus se fourvoient, prennent des routes différentes qui se révèlent être des culs-de-sacs, ou bien s’aperçoivent rétrospectivement qu’ils n’ont pas tourné au bon endroit.  Dieu sait que ça m’est arrivé plus d’une fois. Peut-être mon départ pour l’Amérique en était-il un exemple, je n’ai pas vu le panneau d’interdiction. Je n’en sais rien.  


Mais chemin faisant, le long des sentiers de traverse, il est arrivé des choses étranges, plus étranges que nous ne l’imaginions, des panoramas inconnus ont été entrevus, des rencontres imprévues ont eu lieu, même quand il a fallu rebrousser chemin- surtout quand il a fallu rebrousser chemin. Bien souvent, l’affaire tourne bien parce que la route était celle que vous considériez vraiment comme la bonne route, la meilleure pour vous.


MERRIFIELD, A. (2008). L’âne de Schubert. Paris, Actes Sud, p. 222-223/408

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