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dimanche 31 octobre 2010

SÉANCE DE MAQUILLAGE DANS LA 802

Il est 8 h 20 et j'attends mon autobus ... la 802. Nous sommes deux personnes plantés là, comme des piquets de clôture à surveiller notre transport. La femme à côté de moi semble impatiente et, pourtant, l'horaire est inscrit sur la face de l'abri.

Elle arrive la belle … on s'assoit en vitesse parce que le chauffeur semble irascible ce matin. C'est à croire que tout le monde n'a pas eu « une bonne nuit ». La nouvelle passagère met son sac en premier sur le siège voisin et, puis, dépose sa bourse sur ses genoux. Elle se dépêche de l'ouvrir et en sort, sa poudre de talc et une brosse qui a l'air beaucoup plus du blaireau du peintre. Avec la vitesse de l'éclair, le spectacle commence.

Je ne comprenais pas le pourquoi de cette hâte jusqu'à ce que le chauffeur d'autobus démarre. Il n'y va pas de main morte et pousse à fond l'accélérateur de son gros diésel. Le départ est sec et brutal. Mais notre peintre malgré la secousse commence à se saupoudrer le visage avec son blaireau et tout cela, sans bavure. Une véritable artiste cette dame … tout bouge sauf sa tête et sa main.

À la manière d'un policier scientifique qui se prépare à découvrir une empreinte, elle fait virevolter son blaireau tant sur la petite boîte de talc que sur son visage. À sept reprises, le manège recommence et lorsque la phase I est terminée, on passe à l'étape II … les yeux. Ah, … le fameux miroir de l'âme, enfin, qu'on dit !

Malgré un chauffeur qui continue d'être notablement fou, elle ouvre une seconde boîte qui contient un petit pinceau, un fard, une brosse, une nouvelle poudre et le célèbre « eye-liner». Encore une fois d'un geste à la volée, elle applique le fard à paupière. On dit que pour agrandir le regard, rien de tel qu’un trait d’eye-liner au ras des cils supérieurs. Encore faut-il savoir le réaliser sans s’escrimer au dire du site web « Fémina ». La main appuyée sur la joue et le crayon dans les mains, elle trace d'un jet, un trait noir qui commence à lui donner ce regard dévastateur.

Une nouvelle boîte contenant bâton, crayon, glossy (je me suis culturé) et pinceau remplissent un réticule (et non un ridicule) dont la fermeture éclair commence à céder sous le volume. Un premier tour de crayon pour limiter l'étendue du rouge à lèvre est appliqué malgré les départs et les arrêts du dangereux chauffeur qui ne change rien à sa conduite. Pas un seul faux pas de l'artiste.

A la façon d'un Michelangelo, elle tient son bâton de rouge avec fermeté mais, la douceur du geste laisse voir de la féminité jusqu'au bout des doigts. Elle parcourt d'une commissure à l'autre la largeur de ses lèvres … que j'aime bien.

Cela fait déjà 12 minutes que le chauffeur me brasse le derrière et que la dame au maquillage m'agace le pompon … je suis épuisé. Je me demande à quoi tout cela sert puisque dans la soirée, elle devra tout enlever. Enfin, il y a surement quelqu'un qui y trouveras son plaisir !!!

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